Organisation de la retraite
Le 19 en fin de matinée, ayant installé son Quartier-général au château de la Bawette à Wavre, le maréchal Grouchy est officiellement informé du revers essuyé par l’Empereur et de son repli sur la Sambre. Il organise alors sa propre retraite. Vandamme propose que les troupes se rabattent sur Bruxelles où les Français pourraient rallier de nombreux prisonniers, de gagner ensuite la route de Flandres et rentrer en France par Lille. Il estime que ce repli permettrait de rencontrer le moins de résistance. Cependant, Grouchy décide de passer via Namur et Givet. En effet, il faut faire très vite car les Prussiens peuvent se manifester à tout instant et la vallée de la Meuse offre une défense naturelle de par son relief et par le fleuve. Cette disposition est la plus sage s’il veut sauver un maximum de ses troupes. Pour une plus grande rapidité de déplacement, il sépare ses forces en deux colonnes, afin d’éviter les lenteurs résultant des longues files des trains d’artillerie et d’équipage.
La colonne de gauche, composée essentiellement du corps de Vandamme, renforcée par une unité de cavalerie lourde, devra maintenir des éléments à Wavre jusqu’à la nuit et ensuite se diriger vers Namur via Dion-le-Mont, Tourinnes et Grand-Leez pour bivouaquer à Rhisnes. Par la suite, Vandamme recevra l’instruction suivante : après l’évacuation de Namur, il se positionnera à l’entrée de Dinant pour arrêter la cavalerie ennemie et, de ce fait, permettre à l’armée de gagner Charlemont (Givet). La colonne de droite, commandée par Vichery et non Gérard (en incapacité de le faire étant donné qu’il fut blessé à Wavre), dans laquelle se trouve Grouchy et comprenant le parc et les blessés, rejoindra Namur par Corbais, Walhain et Gembloux aux alentours de laquelle elle bivouaquera. Chaque colonne marchera à la même vitesse, en parallèle, de sorte qu’en cas d’attaque ennemie, la colonne en danger pourra être secourue par la seconde.
Exelmans quant à lui reçoit l’ordre de prendre de l’avant et de veiller à l’accès des ponts et des portes de Namur. Quant à la cavalerie de Pajol, elle devra poursuivre les Prussiens en couvrant le flanc droit de Vandamme.
Blücher a chargé le lieutenant-général von Pirch de bloquer la retraite de Grouchy. Cependant, devant Wavre, le général von Thielmann ne se rend compte que trop tard que les Français ont déjà fait mouvement. Resté en retrait, craignant un ennemi en surnombre, il a perdu un temps précieux. Dans sa retraite, l’armée de Grouchy a également de la chance. En effet, les troupes de von Pirch, en position aux alentours de Gembloux depuis la veille, ne repèrent pas l’armée du maréchal qui opère sa retraite à quelques kilomètres ! Ainsi, l’armée française, épuisée et ralentie par un énorme charroi, arrive le soir à Temploux. Le mouvement s’est déroulé comme prévu. Le maréchal établit son quartier général au château du Boquet.
A l’aube du 20 juin, les Prussiens se mettent à la poursuite des Français. Mais c’est bien tard. Ceux-ci ont quitté le Bocquet à 6h et se dirigent vers Namur. Des attaques sont lancées sur l’arrière des deux colonnes. Pour protéger l’évacuation de ses troupes, le Maréchal laisse Vichery à Temploux avec ordre de retenir l’ennemi. Des affrontements ont ainsi lieu au Boquet, la défense française est vigoureuse. A Rhisnes, autour de la Falize, l’arrière-garde de Vandamme est, elle aussi, aux prises avec des Prussiens. Les combats sont violents. Heureusement, la situation se rétablit et son convoi peut poursuivre sa route. Tant les Prussiens que les Français y ont subi de lourdes pertes humaines. Vichery est toujours poursuivi par von Pirch qui finit par se heurter à Vandamme, placé sur les hauteurs de Flawinne afin de protéger la retraite.
Les combats de Namur
A Namur, la nouvelle de la défaite de Waterloo est parvenue tôt au matin du 19 juin et les habitants apprennent que l’armée en retraite compte y organiser sa défense. Les éclaireurs d’Exelmans entrent en ville dans l’après-midi et les premiers soldats français arrivent vers 17h. Ils organisent le contrôle et la défense des portes et des ponts. Toute la journée du 20 juin, les troupes françaises traversent la ville. Les citoyens et la municipalité les ravitaillent. L’arrière-garde est déployée tout au nord de la ville afin de retarder l’ennemi. Vers 15h, l’armée de von Pirch arrive. Des affrontements éclatent à Morivaux (Suarlée), Flawinne et aux portes de Fer, de Bruxelles et de Saint-Nicolas, trois accès à la ville de Namur fermement gardées par les Français. Les vieux remparts, à moitié ruinés, dont le déclassement avait été ordonné par Napoléon lui-même, servent maintenant de points de défense aux Français. Devant ces trois portes auront lieu les plus sérieux engagements. Des voltigeurs français restent en observation sur les hauteurs de la citadelle. A nouveau, les pertes sont importantes des deux côtés. Grouchy lui-même ne reste pas à Namur ; il poursuit sa route avec la plus grosse partie de ses troupes en direction de Dinant. Or la vallée de la Meuse est étroite et le maréchal sait que ses troupes ne pourront plus avancer que sur une seule colonne. C’est pourquoi Vandamme et Teste défendent avec acharnement Namur et ses alentours, permettant ainsi la sortie des leurs. A 18h, la retraite est ordonnée, les Français ferment la grille de la porte de Bruxelles et en emportent les clés (elles sont aujourd’hui conservées au musée lorrain, au palais ducal de Nancy). Quand les Prussiens entrent en ville, ils ne trouvent aucun soldat français: Teste s’est retiré et marche maintenant vers Dinant. Afin de retarder la poursuite par les Prussiens, les Français ont incendié la porte de la Plante, seul passage entre le flanc de la citadelle et la Meuse.
Dans la soirée du 20 juin, l’armée française peut donc poursuivre sa route sans encombre. Grouchy est à Dinant pour la nuit, où il se repose quelques heures, donne les ordres et s’informe des positions ennemies.
Arrivée des troupes françaises à Givet
Le 21 juin au matin, depuis Dinant, Grouchy informe l’empereur des événements. Dans la journée, les troupes sont à Givet. Le maréchal les répartit dans le fort de Charlemont et aux alentours, dans les casernes, chez les habitants et dans les villages voisins. Les vivres ne manquent pas.
Le 22 juin, le maréchal Davout donne instruction à Grouchy de se diriger vers Mézières, puis Soissons. C’est là, le 27 seulement, que les troupes rejoindront les débris de la Grande armée.